La quête (individualiste) de Galadriel

Je viens de finir Les Anneaux de Pouvoir, la série, et j’ai honte de l’avouer, mais j’adore le personnage de Galadriel. Je dirais même que j’ai été fasciné par elle. Elle a de l’éclat, de l’audace, elle est conquérante. C’est une héroïne qui capte toute la lumière par sa chevelure, son armure ; elle avance, parfois seule en tête, brisant les lignes et les codes, entière et refusant tout compromis. C’est fascinant de la voir défier tout le monde, tout le temps, prête à imposer sa vision.

J’adore cette insolence.

Ce qui l’anime dépasse la simple quête héroïque ; elle est en quête d’une validation éternelle. Elle marche seule, d’une vaillance intransigeante, refusant le moindre fléchissement. Galadriel, c’est le miroir de notre propre flamme : elle a cette obsession de prouver sa valeur, et cela résonne avec notre époque, notre volonté incessante de publier sur LinkedIn pour prouver nos compétences (hé oui), de se mettre en avant sans cesse sur les réseaux pour se démarquer, pour capter l’attention par un like, un nombre de vues, des impressions. Cette part de nous qui veut exister sous le regard des autres, où l’identité devient une performance.

Et que nous apprend-elle, Galadriel ? Elle nous rappelle que, même dans les plus belles intentions, le besoin de validation personnelle peut rendre aveugle.

À l’opposé, Elrond reste dans l’ombre, travaillant dans les mines main dans la main avec les nains. Galadriel, elle, fait preuve d’audace, et sans prétendre vouloir briller, elle cherche SA vengeance, au mépris du péril, mettant dès les premières scènes de la série la vie de ceux qui la suivent en danger.

Galadriel est un mythe moderne, une Icare qui s’élance vers la lumière, en quête de cette reconnaissance qui peut détruire autant qu’elle élève. Elle incarne cette obsession qui nous pousse à nous approcher de la gloire, parfois à n’importe quel prix, nous rappelant que, dans notre propre quête de validation, nous sommes peut-être plus semblables à elle que nous le voudrions.

Alors oui, j’adore Galadriel. Mais je me sens coupable. Si je parais empathique et altruiste, il est bon de constater qu’en plongeant en moi, j’admire cet individualisme conquérant. Ce n’est pas gagné 🙂

Il est temps de se regarder dans le miroir, de descendre dans sa grotte, comme jadis, il y a bien longtemps, dans une lointaine galaxie, sur la planète Dagobah, Luke affronta lui-même l’épreuve du miroir. Mais là, on part sur un autre mythe.