J’aurais aimé dire que la liberté démarre toujours ainsi.
Ce samedi 2 novembre, une jeune femme iranienne a parcouru les rues de Téhéran, en sous-vêtements, pour marquer son refus de la soumission et de l’oppression. Devant l’université islamique Azad, pieds nus sur le bitume, elle avance, ventre découvert et bras croisés sur la poitrine, une image qui a parcouru le monde en quelques heures. Cet acte de protestation courageux est une réponse aux miliciens des Gardiens de la révolution.
L’étudiante a été arrêtée, battue, et jetée dans une voiture par des hommes en civil. Inconnue à ce jour, elle est un cri de liberté dans un pays qui interdit toute expression de soi.
Au-delà de l’urgence humanitaire, la marche de cette jeune femme prend un air de symbole universel. Elle incarne une lutte qui traverse les frontières, rejoint les figures mythiques et les héroïnes de la liberté.
En Occident, des symboles forts de rébellion jalonnent l’histoire et la culture populaire, des figures mythologiques aux icônes modernes. Lilith, première femme à refuser la soumission, incarne la liberté féminine et la lumière de l’indépendance.
Lucifer, porteur de lumière, choisit la révolte face à une autorité divine, en quête d’une liberté.
Prométhée, figure de la Grèce antique, vole le feu aux dieux pour l’offrir aux hommes, un acte sacrificiel pour partager la connaissance.
Chacune de ces figures a payé un prix : bannie, déchu, puni.
Comme tant d’autres icônes modernes, elles portent en elles le fardeau de l’insoumission. En Corée du Nord, les voix dissidentes disparaissent dans le silence. En Russie, les Pussy Riot, qui ont osé chanter contre le pouvoir, ont fini en prison.
Il y a des exceptions. Des icônes qui parviennent à transformer leur rébellion en victoire. Aux États-Unis, la culture populaire nous offre un modèle plus lumineux et accessible. La princesse Leia, héroïne de Star Wars, est une image moderne de la liberté : elle incarne une résistance sans relâche contre la tyrannie, et son combat devient symbole d’espoir.
Mais là-bas aussi, au pays de l’Oncle Sam, on craint que cela ne vacille. En ce moment même, la statue de la Liberté elle-même, qui accueille les exilés, voit sa flamme menacée. Les valeurs d’ouverture et de refuge qu’elle représente sont confrontées à des vents contraires, comme si cette lumière risquait, elle aussi, de s’éteindre.
Nous nous pouvons peut-être pas faire grand-chose. Mais à notre échelle, faisons en sorte que la flamme de la liberté continue de brûler.
C’est dans ce sens que j’ai écrit ce texte.
Dame Liberté
Suivant ta lumière, nous fuyons Babylone,
Tu es la Dame montrant le sens de l’espoir,
Celle qu’on suit dans l’obscurité de l’histoire,
La voie de lumière à emprunter pour les hommes.
Les migrants sont guidés par cet immense phare,
La Miss Liberty qui tient sa torche allumée,
En Mésopotamie, berceau où tu es née,
Tu es à la tête d’une armée de bâtards.
Tu es la première dans la mythologie
À refuser la soumission à la loi.
La liberté est ton nom, ton credo, ta foi.
Pour elle tu fus bannie du divin logis.
À ce jour, toi seule as le droit humain tacite
De porter ce nom échoué du paradis,
Derrière lequel se regroupent tes ami·e·s,
Ici-bas, nous sommes derrière toi, Lilith.