Ce mois-ci, j’ai fini Anna Karénine de Tolstoï et aussi la série Andor, tirée de Star Wars. Et compte tenu du contexte, c’est bien Star Wars qui résonne avec ce que nous vivons. La prélogie de Star Wars, ainsi que la série Andor, mettent en scène la chute de la démocratie et l’ascension du totalitarisme.
La chute de la République dans Star Wars n’est pas un événement soudain ; elle est le résultat de manœuvres politiques complexes orchestrées par le sénateur Palpatine, qui exploite les crises, la peur et les divisions internes pour monter progressivement au pouvoir. Son ascension commence par la manipulation de la Fédération du Commerce pour imposer un blocus sur Naboo, semant ainsi un chaos à sa mesure. En divisant les individus, en créant des problèmes là où il n’y en a pas, il propose de se présenter comme le sauveur. À l’instar d’un dictateur, qui pointe du doigt l’ennemi, il crée des crises pour renforcer sa position.
Le point culminant de cette stratégie est le vote des pleins pouvoirs à Palpatine par le Sénat Galactique, sous prétexte de résoudre la crise qu’il a en partie orchestrée. Sous couvert de sécurité nationale, des pouvoirs exceptionnels lui sont accordés, et il les utilise ensuite pour démanteler les structures démocratiques.
La purge des Jedi, sous l’Ordre 66, est une autre étape décisive : elle représente l’élimination systématique des gardiens de la paix et de la démocratie, facilitant ainsi la transition vers un régime autoritaire. Ce nettoyage politique est similaire aux purges effectuées par des régimes autoritaires tout au long de l’histoire, visant à consolider le pouvoir en supprimant toute opposition, toute entité défendant la République.
En parallèle, Palpatine crée une armée loyale uniquement à sa personne et contrôle les ressources économiques pour affaiblir et diviser la société, rendant la population dépendante de l’État et donc moins susceptible de s’opposer à ses décrets. Ces tactiques sont accompagnées d’une propagande intensive et d’une surveillance omniprésente, achevant de transformer la République en Empire.
La réduction au silence (pression policière sur certaines presses, pression fiscale sur des individus), la saturation de l’espace public via les médias, telles sont les armes diverses qu’on « pourrait » utiliser aujourd’hui.
Et tout cela se fait avec l’assentiment de la majorité. Il me semble qu’Étienne de la Boétie évoque cela dans le « Discours de la servitude volontaire ». Je ne l’ai pas lu, mais j’ai vu la Revanche des Siths.
Lorsque Palpatine se voit octroyer des pouvoirs exceptionnels, Padmé Amidala constate amèrement : « Ainsi meurt la liberté… sous des tonnerres d’applaudissements. » Manipulée par la peur et des promesses de sécurité, la population applaudit la centralisation du pouvoir dans sa quête de stabilité.
Cette histoire se déroule il y a bien longtemps dans une autre galaxie. Elle raconte la lutte pour la liberté et la démocratie qui ne sont jamais acquises ; elles exigent un engagement constant de la part de tous les citoyens pour résister aux forces qui cherchent à les démanteler. « Aux armes citoyens », rejoignez la démocratie avant de devoir rejoindre la résistance.